La stratégie hydrogène française
Défiée par l’Allemagne et son plan à 9 milliards d’euros, la France a dévoilé en septembre 2020 une « Stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné en France ». Le pays compte y consacrer 7 milliards d’euros d’ici à 2030 pour passer à l’échelle industrielle la fabrication des composants, des électrolyseurs, des réservoirs et des piles à combustible, indispensables à la production d’hydrogène à partir de l’eau, et ainsi enclencher une révolution énergétique. Le pays veut aussi installer 6,5 GW de capacités de production d’hydrogène à partir d’énergies renouvelables ou nucléaires. Ces 7,2 milliards d’euros seront investis d’ici 2030 selon trois priorités :
- La décarbonation de l’industrie pour contribuer à atteindre la neutralité carbone en 2050.
- Le développement des mobilités lourdes à hydrogène.
- Le soutien à une filière d’excellence avec le développement d’offres de formation, notamment en matière de sécurité.
Différents secteurs d’activité dans les starting blocks pour développer l’hydrogène
De nombreux grands groupes ou start-up prometteuses sont actifs dans le secteur de l’hydrogène. Parmi les entreprises françaises en pointe, Air Liquide, le géant mondial des gaz pour l’industrie, a annoncé en janvier dernier le démarrage du plus grand centre de production d’hydrogène vert au monde, situé au Canada.
Chez Engie, le groupe français vise quelques gigawatts de capacités de production par électrolyse d’ici 2030. Dans l’immédiat, il travaille sur une trentaine de projets liés à l’hydrogène. EDF et Total sont également dans la course. L’électricien a créé l’an dernier une filiale dédiée à l’industrie et à la mobilité, Hynamics, et a pris une participation de 22 % dans l’entreprise française McPhy, concepteur, fabricant et intégrateur d’équipements hydrogène.
Le pétrolier, de son côté, déploie des stations de recharge pour véhicules en Allemagne au travers du consortium H2 Mobility, dont il est membre. Il vient d’ouvrir sa première station hydrogène en France, au Mans.
L’industrie automobile n’est pas en reste et mise également sur cette technologie. Devancés par les pionniers Toyota et Hyundai avec leurs Mirai et Nexo, les constructeurs français Renault et PSA ont commencé plus récemment à investir dans cette énergie. D’autres sociétés se positionnent même sur le marché de l’automobile haut de gamme, comme la start-up française HOPIUM.
Côté ferroviaire, douze TER à hydrogène circuleront dans quatre régions de l’Hexagone à partir de 2023. La SNCF a officialisé, jeudi 8 avril, auprès du constructeur ferroviaire Alstom, la première commande française de trains à hydrogène pour le compte de quatre régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie.
De la recherche et des efforts restent à accomplir
Même si l’hydrogène est souvent présenté comme une solution miracle pour faire voler des avions, rouler des trains et des voitures qui ne rejettent que de l’eau, il faut quand même préciser que seulement 5 % de l’hydrogène dans le monde est produit à partir d’électricité renouvelable. Le reste est fabriqué à partir de sources d’énergies fossiles (gaz naturel, pétrole) et de bois. Pour atteindre les objectifs de décarbonation de la production d’énergie fixés par la « Loi Climat » adoptée par l’Assemblée nationale, en utilisant notamment la solution « hydrogène vert », qui est pour l’instant une solution de niche, il va falloir investir dans la recherche ainsi que dans la montée en puissance des solutions alternatives permettant de produire de l’électricité, comme les panneaux solaires, les barrages hydrauliques et leur entretien, et le développement éolien. C’est ce que fait par exemple la start-up malouine Energy Observer, qui sensibilise sur le sujet de l’hydrogène vert au travers d’une action d’envergure qui aura lieu ce mardi 25 mai 2021, consistant à fournir l’énergie pour l’éclairage nocturne de la Tour Eiffel.
En matière de formation professionnelle liée à la prise en compte de la sécurité et du risque ATEX des sites travaillant avec l’hydrogène, il faudra aussi « passer à la vitesse supérieure » et se faire accompagner par des organismes de formation comme le nôtre.
C’est de cette manière que l’hydrogène deviendra peut-être l’énergie incontournable de la transition énergétique.
Sources :
Article rédigé le 18.08.21 par
Kalelia.23